mercredi 3 novembre 2010

Balade architecturale à Brazza la verte


Tout récemment, la fondation Charles de Gaulle est passée à Brazzaville commémorer les 70 ans du ralliement du Congo à la France Libre. Une visite avec son lot de cérémonies officielles, de cocktails protocolaires, et de malaises de personnes âgées, très âgées (des compagnons de route du général de Gaulle...), peu habituées aux climats tropicaux.

Leur venue a tout de même eu le mérite de mettre un coup de projecteur sur l’histoire de la ville, et plus spécialement, sur son architecture originale. Bien des bâtiments étant de près ou de loin liés au passage du général de Gaulle à Brazzaville.

Quand on parle d’architecture à Brazzaville, le même nom revient en boucle. Roger Erell (son vrai nom Roger Lelievre, qui donne les initiales RL, qui donne Roger Erell), jeune architecte des travaux publics qui arrive en 1941 à Brazza. La ville lui doit la plupart de ses bâtiments de l’époque coloniale, qu’il bâtit en tentant d’associer les matériaux et artisans locaux aux techniques occidentales.

Puisqu’on évoque de Gaulle, on pense bien sûr avant tout à la fameuse « Case de Gaulle », dont la proximité avec une case africaine est assez discutable.


Il s’agit plutôt d’un gros bâtiment imposant aux formes carrés, conçu par Errel à partir de 1941 sur le modèle du palais de Chaillot au bord de la Seine, tout juste inauguré à Paris en 1937. Le bâtiment était conçu pour accueillir le général de Gaulle dans une résidence digne de son rang de chef de la France Libre. A l’indépendance du Congo, le général de Gaulle fait don de la case à l’Etat français, qui en fera la résidence de l’ambassadeur de France, ce que la case continue d’être aujourd’hui. Face à la case, il y a les pour et les contre, ceux qui le comparent à un blockhaus un peu grossier, et d’autres qui soulignent l’originalité de la construction.


Tout le monde s'accorde en tout cas pour trouver l’emplacement idéal, avec une grande terrasse ombragée qui donne sur le fleuve Congo.. Le bâtiment serait selon certains le premier construit en béton armé à Brazzaville. L’architecture est assez étonnante avec un grand hall circulaire d’entrée, habilement aéré par un système de claustras.


Parmi les autres réalisations d’Errel, il y a bien sûr la basilique Sainte Anne, dont les travaux commencent en 1943, et devenue un véritable symbole de la ville. Ce qui frappe au premier regard c’est le joli bleu des tuiles de la basilique, venues du sud de la France.


Là aussi, Errel associe le modèle occidental du plan d’Eglise en croix latine, à une construction inspirée des case africaine avec un intérieur en forme de mains jointes. On remarque aussi en entrant les jolies portes en bois sculptées.


L’intérieur est chalheureux et parfaitement adapté aux couleurs et aux chants des chorales congolaises.

Juste en contrebas de la basilique, on trouve le stade Félix Eboué, lui aussi associé à la figure du général de Gaulle puisqu’il il y a prononcé plusieurs discours importants dont celui de 1958 où il appelle les pays africains à former une communauté, préfigurant pour certains, la décolonisation. Le stade, bati par Errel également, est vaste et aéré et accueille encore aujourd'hui des concerts ou des matchs de foot.


Pour souffler et échapper un peu aux gaullistes, et à Errel, , on peut aussi jeter un œil à l’ancienne salle de cinéma VOG, réalisée en 1953 par l’architecte Charles Cazaban-Mazerolles. La façade avec un auvent recourbé en béton, est sur le modèle de nombreux cinéma de la même époque en France. Aujourd’hui, la salle est fermée, et c’est bien dommage. Seul le CCF permet encore de voir des films.


Enfin, on peut remonter un peu dans le temps et aller faire le tour de la cathédrale du sacré cœur. Un joli bâtiment construit à la fin du XIX , en haut d’une colline. A l’intérieur, une grande charpente repose sur des colonnes en bois. La cathédrale sera remodelée plusieurs fois. Début du 20ème pour la façade qu’on agrémente de deux tours, et en 1952 par Errel, qui la restaure en ajoutant, parce qu’il ne peut pas s’en empêcher, un peu de béton et du ciment . L’endroit est très agréable avec un grand parc à l’ombre de l’église, où on peut se reposer


Et si on croyait avoir définitivement distancé les compagnons de route du général de Gaulle, c’était sans compter sur leur obstination. Le gaulliste acharné nous expliquera que de Gaulle a évidemment assisté à une messe dans cette cathédrale en 1941…

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