mardi 16 avril 2013

Xi Jinping à l'assaut de l'Afrique


Le président chinois vient de terminer un déplacement de plusieurs jours en Afrique. La Chine s’affirme comme le partenaire économique incontournable du continent, non sans susciter certaines craintes.

Xi Jinping et Denis Sassou Nguesso à Brazzaville/ Laudes Martial Mbon-AFP

Le président chinois Xi Jinping a achevé le 30 mars 2013 au Congo-Brazzaville, une tournée de près d’une semaine en Afrique. Outre le Congo, il s’est rendu en visite officielle en Tanzanie, puis en Afrique du Sud, à Durban, pour participer au cinquième sommet des pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le 27 mars.

Cette tournée africaine a été marquée par la signature de nombreux accords commerciaux, notamment dans le domaine des infrastructures. Ces accords, comme le choix du président chinois de se rendre en Afrique deux semaines après son arrivée officielle au pouvoir, illustrent le développement considérable des échanges sino-africains.

Un partenaire économique incontournable

AFP/ Junior D.Kannah
Ces échanges ont été multipliés par vingt en douze ans, selon Standard Bank, faisant de Pékin le premier partenaire commercial de l’Afrique dès 2009. La Chine est également le premier bailleur de fonds du continent depuis 2012, après avoir annoncé l’attribution à des pays africains de prêts pour 20 milliards de dollars (16,3 milliards d’euros) pour les trois ans à venir.

Sur place, la Chine a su se rendre incontournable dans certains secteurs : la vente de biens manufacturés à bas coûts et les travaux publics, pour lesquels elle propose des délais et des prix ultra concurrentiels. Pour réaliser ces constructions, le géant chinois offre aux pays africains des prêts bancaires à des taux particulièrement avantageux, en échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles, dont la Chine manque cruellement. Les investissements chinois se concentrent donc dans les pays fortement dotés en matières premières : le Soudan, l'Angola et le Nigeria pour le pétrole, l'Afrique du Sud pour le charbon et la platine, la RD Congo et la Zambie pour le cuivre et le cobalt. Très difficilement quantifiable, la présence chinoise en Afrique - des ouvriers et des commerçants surtout - varie du simple au double selon les sources, entre 750 000 et 1,5 million de personnes.

« La Chine prend nos ressources naturelles et nous vend des biens manufacturés. C'était également l'essence du colonialisme »

Cette influence chinoise exacerbée ne va pas sans susciter des craintes sur le continent. Peu avant la visite de Xi Jinping, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Samusi, a pris la parole, dans le Financial Times du 11 mars, pour appeler les pays africains à "se réveiller sur les réalités de leur romance avec la Chine" "La Chine prend nos ressources naturelles et nous vend des biens manufacturés. C'était également l'essence du colonialisme. (...) L'Afrique s'ouvre maintenant de son plein gré à une nouvelle forme d'impérialisme" écrit-il.

Les conditions de travail difficiles au sein des entreprises chinoises et le peu d’embauches de populations locales entraînent également des incidents ponctuels. En août 2012, une grève de mineurs zambiens, revendiquant une augmentation de salaires, a mal tourné et provoqué la mort d’un contremaître chinois.

Pas de quoi remettre en cause l’allant du président chinois, qui pendant toute sa tournée africaine, a loué une coopération « gagnant-gagnant ». Pour rentrer chez lui, Xi Jinping a emprunté l’aéroport flambant neuf de Brazzaville, construit par Weitec, une entreprise chinoise.