jeudi 4 juillet 2013

Un festival d'Avignon made in Congo

Le festival d'Avignon sera aux couleurs de l'Afrique cette année. Le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna est l'artiste associé de cette édition, qui se tient du 5 au 26 juillet. De nombreux artistes africains seront donc présents comme les chorégraphes DeLaVallet Bidiefono (Congo-Brazza) et Faustin Linyekula (RDC), le metteur en scène burkinabé Aristide Tarnagda ou le danseur nigérian Qudus Onikeku. Quelques mots ci-dessous sur le travail de Niangouna qui présente à Avignon sa nouvelle création, Shéda.

L'affiche du festival d'Avignon 2013

« Big ! boum ! bah !», c’est ainsi que Dieudonné Niangouna qualifie sa pratique théâtrale. Une montée en puissance et une déflagration, une forme qui se casse et se reconstruit. Et pour cause, ses premiers textes ont été marqués par le traumatisme de la guerre civile congolaise de 1997. Le bruit des obus qui tombent, la réclusion dans la forêt aux mains des milices ninjas. Dans Attitude Clando, les Inepties volantes ou le Socle des vertiges, se déployait un théâtre de l’emportement et des conflits, de la mise en danger des corps et des mots. Un cri politique et existentiel dans un pays en perte de repères, après la guerre.


Extrait du Socle des vertiges - 2011

L’écriture de Niangouna rappelle celle de Sony Labou Tansi. Avec la même énergie, les deux dramaturges s’emparent du langage pour mieux le dynamiter Mais au fil de ses pièces, Dieudonné a su construire son esthétique propre, celle du fragment et de l’éclatement. Sur scène, chaque acteur se livre à une sorte de monologue intérieur, sans nécessairement répondre à l’intervention précédente. Le personnage interpelle le spectateur dans un cri de rage et de désespoir. La pièce devient ainsi archipel : une succession de fragments qui finissent par se répondre, comme en écho. 

Avec Shéda, Dieudonné Niangouna ne parle plus de la guerre de Brazzaville mais se concentre sur ses personnages imaginaires, fantômes d’un monde déchu, qui recherchent leur identité. En février dernier, le metteur en scène résumait leur quête dans une phrase qui résonne avec son propre itinéraire « Un travail pour porter sa mémoire, pas pour la garder sur ses épaules mais pour la dépasser afin de se construire un présent ».